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LE DÉFAUT

Texte du 22 novembre 2016 // Courte réflexion sur le dessin. Où peut-il se situer, ce défaut ? Le dessin, c'est chaque fois un élan, un début plein d'espoir. La recherche, la question est primordiale, incessante et ne connaît jamais la réponse. Quand le dessin abouti, il n'est jamais parfait. Il est un dessein, un embryon de réponse. Toujours avorté. Qu'y a-t-il alors dans la tache ? Que peut-elle révéler ? Que cherche-t-elle ? Elle n'est pas contrôlée, comme le défaut. C'est un cycle, on revient toujours au point de départ. Où est-il ce défaut ? Cette faille qui ne peut être réparée. Réparer, voilà, c'est peut-être ça. En faisant, on tente de réparer. On retrace avec le stylo les choses manquantes. On recoud avec le fil. C'est une opération chirurgicale qui échoue à chaque fois. Alors il faut toujours repasser sur le billard. L’œil est à la fois le problème et la solution. Il voit, mais partiellement. Le dessin cherche le Colobome, il ne peut le voir, mais l'image floue et imparfaite est un signe, un symptôme. Elle dit « regardes, vois, je suis ici, à l’intérieur. » C'est comme si la nature avait échoué, comme elle le fait souvent. Sans raison, comme ça. Il manque un morceau pour être fini et ce tout petit bout de chaire manquant a conditionné tellement de choses. Du minuscule alors, le dessin produit du grand, du détail, de l'infiniment petit comme dans l’œil, pour faire et construire un grand dessin. La main vient au secours du manque. C'est la béquille de l'image.


dessin contemporain d'une forme texturée en perspective

Dessin à la plume et à l'encre sur papier récupéré.

Et cette couleur ! C'est elle qui fait l'image. Alors rendons lui hommage. Les taches de couleur qui fabriquent l'image, celle qui suggèrent un monde, là, en dehors du corps, en dehors de soit. Le contour autour de la couleur. Le fil entre les formes, dans les formes. Le dessin me répare. Le dessin répare la nature et fini par en parler. Comme support, comme métaphore avec le bois, les végétaux. Avec toutes ces choses que je ne peux pas voir, mais que je dois saisir, pour les comprendre. Pour refaire un monde qui à du sens. Comme tout le monde. Il y a tant de perfection dans la nature. Des formes surprenantes, magnifiques. Je vais chercher cette perfection. Ce processus mystérieux qui fabrique toutes ces choses sublimes et qui a échoué dans ma fabrication et dans la fabrication de tant d'autres. Au regard d'une pensée humaine, nous dirions que c'est injuste. Mais la justice n'existe pas dans le vivant. Le beau, le juste, le moral, le méchant et tous ces concepts sont terriblement humains. La nature n'a aucune préoccupation commune avec l'homme. Elle vit simplement. C'est un réconfort pour l'imparfait qui cherche justice, car il n'y a de justice que dans la tête des hommes. Ainsi s'installe le paradoxe de mon dessin. Entre question humaine et forme vivante. Entre la recherche de réponse dans la fabrication et l'acceptation dans la contemplation. Le dessin peut alors toujours se caractériser de dual, il est à l'intersection entre deux choses opposée. Le concept et le concret, la réponse et la fatalité la couleur et la ligne, le défaut et le parfait.




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